Du fait de ma double activité (éducateur canin et comportementaliste canin et félin), j’entends souvent « Oui d’accord un chien on peux l’éduquer, lui apprendre des choses plus ou moins utiles mais un chat on ne peut rien lui apprendre, il n’en fait qu’à sa tête ! ». Et pourtant ! On peut facilement être surpris par la capacité que nos félins possèdent à apprendre des choses par eux-mêmes et/ou en nous observant. Alors pourquoi pas leur apprendre de nous-mêmes quelques petites choses ?

Lorsque je donne des cours d’éducation canine, pour arriver à mes fins et apprendre à mes élèves à pattes les ordres de base, je procède par renforcement positif : je récompense toutes les bonnes réponses données. Et le renforcement positif marche aussi sur nos félins !

Qu’est ce que le renforcement positif ?

Le renforcement est un processus qui rend l’apparition d’un comportement souhaité plus probable. Il existe le renforcement positif et négatif.

Le renforcement positif spécifiquement signifie l’ajout d’une conséquence environnementale agréable ayant pour effet de rendre l’apparition du comportement souhaité plus probable.

 Pour être plus clair un exemple : vous souhaitez apprendre à votre chat à s’assoir avant que vous lui posiez sa gamelle de croquettes. Répétez l’ordre à plusieurs et récompensez-le dès que le « assis » est exécuté. La récompense doit être adaptée à votre chat : si c’est un chat gourmand optez pour la friandise (mais alors vraiment la friandise tip top qu’il n’a pas l’habitude d’avoir tous les jours), pour un chat joueur vous pouvez opter pour son jouet favori et enfin pour un chat câlin optez pour une caresse/gratouille.

L’objectif de ce processus est d’amener votre matou à accepter de faire ce que vous lui demandez parce qu’il sait que ça lui rapportera quelque chose de positif au bout du compte. Effectivement, il faut que le chat y trouve un certain intérêt pour être à l’écoute de vos demandes.

Dans quelles circonstances pouvons-nous faire du renforcement positif ?

Le renforcement positif peut être utilisé pour de nombreuses situations :

• Pour les manipulations diverses

Que ce soit pour le brossage ou la taille des griffes (lorsque vous le faites), il est plus agréable lorsque votre chat se laisse faire et ne transforme pas votre main en lambeau. Pour cela, procédez par l’intermédiaire de séances courtes et régulières pour apprendre à votre chat à monter sur la table, à accepter la brosse voir à vous donner la patte pour la coupe des griffes. L’objectif étant qu’il assimile la manipulation à quelque chose de positif par le biais de friandises.

• Pour habituer un chat à sa cage de transport

L’idéal est d’habituer votre chat lorsqu’il est encore chaton évidemment car l’apprentissage est beaucoup plus simple (même si rien n’est impossible à l’âge adulte !). Ici encore il faudra apprendre à votre matou à associer la cage à quelque chose de positif et de préférence lui apprendre à rentrer seul dedans par le biais de friandises ou jouets.

• Pour lui faire accepter la présence d’un autre animal (ex : chien)

Lorsqu’un autre animal rejoint la famille, votre chat pourra se trouver quelque peu dérouté et la cohabitation pourra potentiellement être compliqué au début. Dès l’arrivée du nouveau, n’hésitez pas à associer sa présence à quelque chose de positif : donnez une friandise à votre chat dès que celui-ci est dans la même pièce que l’autre animal.

Cette liste est évidement non exhaustive et il me serait impossible de vous énumérer tous les cas où le renforcement positif pourra être pratiqué.

IMPORTANT :  La clé du succès est la patience et la rigueur, et le respect de la vitesse d’apprentissage. Procédez toujours par étape pour ne pas brusquer votre chat. Les séances de renforcement doivent durer environ une minute et être pratiquées une à deux fois par jour.

Etude de cas : apprentissage du port du harnais pour Janna

Pour ceux qui me suivent sur les réseaux, vous avez pu voir que j’ai déménagé il y a peu dans une maison avec jardin. Janna n’a jamais connu de jardin et je souhaitais donc qu’elle en profite. Mais ma minette est porteuse du FIV+ (l’équivalant du sida des chats). Tout comme le sida, le virus se transmet (uniquement entre chat) par le sang ou par rapport sexuel. Janna, elle, n’a aucun risque pour sa santé à être dehors dans le jardin. En revanche, une bagarre de chat peut vite arriver et j’aimerai éviter qu’elle contamine tous les chats de Brunoy !

J’ai donc décidé de l’habituer au harnais pour pouvoir lui permettre de profiter du jardin mais uniquement en notre présence et sous contrôle.

Ce travail a débuté il y a déjà quelques mois. Bon alors déjà j’ai eu beaucoup de mal à trouver un bon harnais : pas trop petit, pas trop serré et pas dangereux. Finalement je me suis rabattue sur un harnais pour petit chien (non mon chat n’est pas gros !). Une fois le harnais acheté, j’ai laissé Janna le renifler en le laissant posé dans la pièce.

Au bout de plusieurs jours, j’ai pris le harnais dans mes mains pour le montrer moi-même à Janna et je lui donnais quelques friandises à côté. Quand elle a commencé à se frotter au harnais j’ai tenté de lui passer sur la tête. Et bien sûr friandises ++ (il ne faut pas hésitez à donner un met « exceptionnel » pour apprendre des choses plus difficiles). Pour ma part c’était des petits sprats fumés !

Après plusieurs séances avec le harnais uniquement autour du cou, je lui ai passé autour de la taille. Au début elle a eu du mal à l’accepter, mais au bout de plusieurs séances, elle a fini par complètement oublier le harnais. Depuis le déménagement, nous n’avons plus eu le temps de travailler. Et mon premier objectif était que Janna s’habitue en douceur à la maison.

Mais Mlle a déjà bien pris ses aises et à même mis un bout de nez dans le jardin, très intriguée. Donc nous allons reprendre les séances et dès les beaux jours, Janna pourra profiter du soleil et de l’herbe bien fraîche !

Ne doutez jamais de votre compagnon, il pourrait vous surprendre ! Chat ou chien nous donne tout leur amour et leur dévouement et ils sont donc prêts à en faire beaucoup pour nous satisfaire.